Éditorial de la Feuille – décembre 2024 – mars 2025

Celui qui vient se lier

Vous aurez peut-être remarqué les mots apparus sous le titre de ce numéro de La Feuille, issus de l’épître aux Colossiens. Ces mots sont un fil directeur choisi par les membres du conseil presbytéral suite à une journée de séminaire l’été dernier où nous avons dégagé un thème qui nous semble dénominateur commun des différents aspects de notre travail de conseil presbytéral : celui du lien. Sans s’enfermer dans des mots, il s’agit de partager une orientation en pensant à travers ce thème du lien la vie de notre Eglise dans sa dimension locale (on peut penser aux liens entre les personnes, entre les groupes,…), mais aussi comment elle s’articule avec d’autres dimensions de notre Eglise (régionale, nationale), de l’Eglise universelle (d’autres Eglises, dans la diversité des confessions), d’autres communautés religieuses ou non, et plus largement avec la vie de nos contemporains proches ou lointains. Ce qui nous lie est aussi et avant tout à trouver en Dieu qui nous communique sa Bonne Nouvelle en Jésus le Christ et qui nous fait ses témoins. Ce verset nous est apparu pouvant être un repère à partager avec toutes et tous, partage que ce numéro de la Feuille inaugure dans ses pages. Vous y trouverez ainsi un article rédigé par Ken Yamamoto centré sur ce verset, qui sera nous espérons suivi par d’autres pour nourrir notre réflexion commune dans les numéros suivants.

Il se trouve que ce numéro parait au moment où s’ouvre le temps de l’Avent qui nous invite à être attentifs à l’advenue de Dieu parmi nous et aux conditions de cette venue. Laissons donc résonner les choses ensemble. Dieu est celui qui en Jésus le Christ vient se lier à nous, à notre humaine condition. Avec lui, des liens se tissent, qui recomposent le monde en recomposant les réseaux des multiples et divers liens qui existent entre les uns et les autres et plus largement avec notre environnement. La naissance que nous fêterons à Noël change les choses, comme toute naissance, car elle fait que le monde n’est plus le même : quelque chose d’autre, de nouveau, d’inédit, y est venu – il s’agit bien d’une venue au monde. Les évangiles racontent chacun à sa manière comment par cette naissance et ce qui la suivra Dieu vient à notre contact, faisant prendre place en ce monde la réalité du Royaume et sa logique si bouleversante de l’ordre des choses. Si ce lien va avec l’éclosion du Royaume, il va aussi avec la libération de ce qui entrave la possibilité même de cette éclosion. Quand Dieu vient se lier à nous, il vient aussi nous délier de ce qui nous tient séparé de lui. Cette libération, qui se décline en libérations de différents ordres, est complète : elle ira jusqu’à celle des puissances des forces de la mort.

Peut-être pouvons-nous vivre ce temps qui s’ouvre comme celui où nous sommes invités à regarder ce qui nous lie à celui qui vient se lier à nous, en prendre conscience et en prendre soin. Devenir joyeux aussi d’être aussi déliés de tant de forces obscures.
Quelque chose se tisse, en ce monde. La Parole était la vraie lumière, celle qui éclaire tout humain ; elle venait dans le monde … A tous ceux qui l’ont reçue, elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu… Ceux-là sont nés, non pas du sang, ni d’une volonté
de chair, ni d’une volonté d’homme, mais de Dieu (Jean 1, 9.12.13).

Emmanuel Rouanet